Identifier les priorités d’intervention pour mieux accompagner le Sénégal à réaliser ses objectifs de développement.
L’Equipe pays a entamé des consultations avec les partenaires pour mieux construire ensemble son nouveau Cadre de Coopération (2024-2028) avec le Sénégal.
Le Plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable est le principal instrument qui permet au Système des Nations Unies de planifier et de mener des activités de développement dans chaque pays. Conformément à la Réforme des Nations Unies, à travers laquelle les Etats membres ont souhaité renforcer la coordination de l’appui apporté aux pays en vue de la réalisation de leurs priorités de développement et de l’Agenda 2030, l’Equipe pays du système des Nations Unies soutient le Sénégal dans la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent 2035 et des objectifs de développement durable, à travers son Cadre de Coopération avec le gouvernement.
Alors qu’une année nous sépare de la fin de l’actuel Cadre de Coopération (2019-2023), l’Equipe pays a entamé des consultations avec les partenaires et toutes les parties prenantes de la société, pour mieux construire ensemble son nouveau Cadre de Coopération (2024-2028) avec le Sénégal.
Pour rappel, le Cadre de Coopération, qui résulte d’un accord entre le gouvernement et le Système des Nations Unies, régit l’ensemble du cycle de programmation, organisant la planification, l’exécution, le suivi, le contrôle et l’évaluation de l’action collective conduite par le Système des Nations Unis en appui au Sénégal.
Le Système des Nations unies au Sénégal a organisé entre septembre et octobre 2022, une série de consultations avec les organisations de la société civile dans le pays, notamment celles qui œuvrent en faveur des femmes, des personnes handicapés, des droits humains, ainsi que le secteur privé. Outre la préparation de l’analyse pays, cette série de consultations visait à mettre en évidence les principaux défis, opportunités, et recommandations, d’aller au-delà des données statistiques en recueillant des éléments qualitatifs pertinents, pour mieux adapter les programmes aux attentes des bénéficiaires, en vue de l’élaboration du Plan-cadre de coopération 2024-2028 à venir.
Relever les défis et mieux construire avec les femmes
Au Sénégal comme dans la plupart des pays en développement la contribution des femmes est essentielle au processus de développement, alors qu’elles sont les premières victimes quand surviennent des crises (Covid-19, guerre entre l’Ukraine et la Russie, crise climatique, etc.). Conscient que dans le processus d’élaboration de son Cadre de Coopération, les organisations féminines sont des partenaires privilégiés dans la compréhension des défis du développement et la formulation de réponses appropriées, l’Equipe pays des Nations Unies les a conviés à un riche moment d’échanges, abrité par ONU Femmes Sénégal.
Durant trois tours d’horloges, plusieurs questions ont été abordées, parmi lesquelles la situation des femmes au Sénégal, en particulier les freins à l’emploi, à l’éducation et à l’accès aux services sociaux de base ; mais également leur autonomisation, leur participation au processus de développement et le respect de leurs droits.
Bien entendu, la rencontre a été pour l’Equipe pays, l’occasion d’avoir un regard réflexif des organisations œuvrant pour les femmes sur le travail du SNU et les actions menées à leur endroit. Elle a par ailleurs permis de discuter sur la mise en place d’un cadre de partenariat stable entre les organisations œuvrant pour les femmes et le SNU, afin de poursuivre les échanges et promouvoir leur engagement continu dans les actions des Nations Unies au Sénégal. La rencontre a indubitablement contribué à tracer les contours de la situation réelle des femmes, en vue de l’élaboration du prochain Cadre de Coopération, et pour identifier les dynamiques à enclencher pour améliorer leur situation. Les discussions ont en outre permis d’acquérir une meilleure compréhension de l’impact des politiques sur les femmes au Sénégal.
Parmi les organisations féminines qui ont participé à la rencontre figurent le Réseau des Femmes Micro-Entrepreneurs du Sénégal « REFEMES », le Conseil Sénégalais des femmes (COSEF), le Réseau des femmes "Nous sommes la solution", le Réseau des Jeunes femmes et filles leaders Ouest Africain (ROAJELF), l’Alliance des organisations de jeunes pour les droits des filles, Yaye Fatou Sarr, l’Association des Femmes pour le Développement Durable, l’Union Nationale des Femmes Restauratrices du Sénégal (UNAFRES), Maimouna Diouf, l’Alliance pour la migration, le leadership, et le développement (AMLD), l’Association sénégalaise des femmes diplômées des universités, le GIF, l’Association des femmes de l'Afrique de l'Ouest (AFAO), etc.
Des personnalités ont également pris part à la rencontre, comme Mme Ndioro Ndiaye, ancienne ministre de la Femme de l’Enfant et de la Famille et membre de la délégation sénégalaise à la Conférence mondiale sur les femmes de Beijing en 1995 ; Mme Seynabou Ly Mbacké, ancienne ministre de la Micro finance et de l'Entreprenariat féminin, ou encore Mme Khady Fall Tall, ancienne ministre de la Décentralisation et de l'Aménagement du territoire, pour ne citer que celles-là.
L’inclusion du handicap, une priorité pour le Système des Nations Unies au Sénégal
Malgré les efforts réalisés ces dernières années, l’inclusion du handicap demeure une question toujours prégnante, qui figure au nombre des priorités de l’Equipe pays des Nations Unies au Sénégal. Aussi, était-il important pour le Système des Nations au Sénégal, d’inclure dans ses consultations les organisations œuvrant pour l’inclusion du handicap, en vue de la préparation du nouveau Cadre de Coopération (2024-2028). Reçues dans les locaux du Programme Alimentaire Mondiale (PAM), beaucoup d’organisations ont répondu présentes à l’invitation du SNU.
La rencontre a permis de mieux comprendre les besoins des personnes souffrant d’un handicap au Sénégal, en termes d’accompagnement vers l’accès à l’emploi, l’accès aux opportunités économiques, l’accès aux sources de financement, à la formation professionnelle et aux services sociaux de base. Elle a en outre été l’occasion de mieux identifier les causes immédiates, sous-adjacentes et structurelles des principaux problèmes qui touchent les personnes vivant avec un handicap. Les différents intervenants ont unanimement souligné des insuffisances dans la prise en charge du handicap au Sénégal ; situation qui fait que les personnes souffrant de handicap rencontrent quotidiennement des difficultés pour accéder aux services de santé, à l’éducation, ou à l’emploi, tout en étant souvent victimes de discriminations.
La rencontre a été l’occasion de cartographier les acteurs de la société civile oeuvrant dans le domaine du handicap, de poursuivre le dialogue avec les organisations œuvrant pour l’inclusion du handicap, pour mieux construire avec elles et mieux les accompagner, et de recueillir également leur avis sur le travail du SNU et les actions menées à leur endroit.
Beaucoup d’organisations ont été conviées à la rencontre, parmi lesquelles le Club des handicapés, l’Association Nationale des Sourds du Sénégal, l’Association Nationale des Accidentés du Travail et leurs Ayants Droit (ANATAD), l’Association Nationale des Anciens Militaires Invalides du Sénégal (ANAMIS), Taxawuma Assistance Handicap, la Fédération Sénégalaise des Associations de Personnes handicapées (FSAPH), l’Amitié des Aveugles du Sénégal (AAS), Siggil Jiggene, les Femmes Handicapées Sénégalaises, l’Association handicap SN, l’Association handicap SN et l’Association Sénégalaise pour la Promotion des Enfants Déficients Mentaux (ASEDEME).
Le respect des droits, un pilier essentiel au développement
A la suite des organisations œuvrant pour l’inclusion du handicap, l’Equipe pays des Nations Unies a reçu dans les locaux du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH), les organisations de la société civile œuvrant dans le domaine des droits de l’homme au Sénégal.
Faut-il le rappeler, au titre de la gouvernance des droits de l’Homme, le Sénégal a renforcé les moyens d’action de plusieurs institutions nationales dont le Conseil Consultatif national des droits de l’homme et du droit international humanitaire (CCNDH-DIH) et l’Observateur national des lieux de privation de Liberté (ONLPL), même si des défis liés à son indépendance fonctionnelle et financière sont réels. Le Sénégal a élaboré son plan d’action national (PAN) de mise en œuvre des recommandations des mécanismes internationaux de droits de l’homme pour la période 2021-2024 et s’est doté d’une stratégie nationale des droits de l’Homme (SNDH), qui s’inscrit dans le contexte de mise en cohérence des politiques publiques avec le PSE et qui servira d’outil par lequel l’Etat du Sénégal contribuera plus efficacement à l’effectivité des droits de l’homme à l’horizon 2035.
La rencontre a permis de renforcer le dialogue entre le SNU et les organisations œuvrant pour les droits de l’homme et de discuter sur la mise en place d’un cadre de partenariat stable entre les deux parties, et a été l’occasion d’avoir le regard des organisations sur la situation réelle des droits de l’homme au Sénégal. Malgré des avancées notables, les organisations ont souligné que des efforts restaient à faire, par exemple sur les restrictions dues à l’obligation d’obtenir une autorisation expresse du gouvernement pour l’organisation de toute manifestation ou encore la liberté d’action des journalistes dans la couverture de certaines manifestations de la société civile ou de partis politiques.
Renforcer la coopération avec le secteur privé pour bâtir une croissance économique inclusive et durable
La crise de la COVID-19 a révélé que les entreprises sénégalaises savaient faire preuve de résilience. En effet beaucoup d’entre-elles ont trouvé le moyen de survivre aux contraintes de la pandémie, en procédant à un saut technologique, qui a permis une numérisation des opérations. Conscient de l’importance d’un secteur privé fort, le Conseil des ministres réunis le 26 octobre 2022 a décidé d’accélérer la relance de l’économie nationale. A cette occasion, le Président de la République a évoqué la nécessité d’intensifier la relance de l’économie nationale par la mise en œuvre optimale de la nouvelle Stratégie de Développement du Secteur privé, dont le contenu doit faire l’objet d’un large partage, sous la supervision du Premier Ministre, avant sa validation d’ici la fin de l’année 2022.
Aussi, pour le Système des Nations Unies au Sénégal, était-il important dans le cadre de la préparation du nouveau Cadre de Coopération (2024-2028) en appui au Sénégal, de consulter les organisations du secteur privé, pour voir d’une part comment renforcer la coopération pour une croissance économique inclusive et durable au Sénégal, et d’autre part pour accélérer la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durables au Sénégal.
Au cours de la rencontre accueillie par l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et présidée par le Représentant Résident a.i du PNUD au Sénégal, M. Njoya Tikum, les échanges ont permis de faire un tour d’horizon de l'écosystème et du cadre macroéconomique, pour ensuite voir si la législation est adaptée au secteur privé. Des questions comme les réformes attendues par le secteur privé, le dispositif d'accompagnement, les solutions pour réduire le secteur informel, les freins à l’emploi des personnes les plus marginalisées (jeunes, migrants, réfugiés, handicapés, femmes, personnes âgées ...), la contribution du secteur privé dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030…, ont été abordées.
La rencontre a également permis aux organisations présentent de rappeler quelques pesanteurs dont elles subissent l’impact, notamment la forte pression fiscale qui s’exerce sur les entreprises, le manque de coordination au niveau des plateformes et structures de l’Etat consacrées aux entreprises, en particulier eu égard à la question du financement. D’autres problèmes ont été pointés par les participants comme la frilosité des banques à financer les jeunes entrepreneurs, le manque de formation des jeunes entrepreneurs, ou encore une législation au niveau du secteur financier qui n’est pas adaptée au niveau de développement.
Toutefois le tableau n’est pas tout à fait sombre, car des opportunités existent, notamment à travers la digitalisation, l’existence d’un cadre de dialogue public-privé solide, mais surtout une volonté politique réelle, symbolisée par la nouvelle stratégie de développement du secteur privé en préparation par le gouvernement.
Les consultations entre le Système des Nations Unies et les différents partenaires se poursuivent, afin que l’élaboration du Cadre de Coopération (2024-2028) avec le Sénégal soit le plus inclusif possible.