Des opportunités et des défis pour le Sénégal, dans la perspective d'une sortie de la catégorie des Pays les Moins Avancés (PMA).
Malgré les chocs dus à la pandémie de Covid-19 et à la guerre Russo-ukrainienne, l'économie sénégalaise a fait preuve de résilience.
Le Sénégal a été inscrit, pour la première fois, en février 2021, dans la liste des pays éligibles à une sortie de la catégorie des Pays les Moins Avancés (PMA), par le Comité des politiques de développement (CDP), du Conseil Economique et Social des Nations Unies (ECOSOC).
Ainsi, mandat a été donné à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) d’élaborer les profils de vulnérabilité des PMA qui remplissent les critères de sortie pour la première fois, pour leur reclassement. Ce processus permettra aux pays concernés de faire l’évaluation diagnostique des risques économiques et sociaux et ainsi que des conséquences d’un reclassement, afin de préparer une sortie ordonnée et sans heurts du statut de PMA.
C’est dans ce cadre que se tient à Dakar, les 4 et 5 juillet 2023, un atelier de validation du profil de vulnérabilité et l’étude sur l’impact de la ZLECAF sur les perspectives de transformation structurelle, organisé par le Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération en collaboration avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), avec la participation du Système des Nations Unies au Sénégal et des partenaires au développement.
Pour rappel, le processus d’élaboration du profil de vulnérabilité du Sénégal a été lancé au mois d’août 2022, en présence de l’ensemble des catégories d’acteurs, et les résultats préliminaires du profil de vulnérabilité ont fait l’objet de partage et d’échanges avec les parties prenantes, au mois de décembre 2022. En outre, en complément du rapport sur le Profil de vulnérabilité, une étude sur l’impact de la ZLECAF sur les perspectives de transformation structurelle, a été réalisée par la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
Le Sénégal est sur une dynamique positive en vue d’une sortie de la catégorie des Pays les Moins Avancés (PMA), selon les conclusions du profil de vulnérabilité établi par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Cette évolution représente à la fois des opportunités et des défis pour le pays, qui devra faire face à divers enjeux économiques, sociaux et environnementaux.
S’agissant des opportunités, le Sénégal a connu une accélération significative de sa croissance économique au cours des dix dernières années, avec un taux moyen de plus de 6% entre 2014 et 2019. Malgré les chocs dus à la pandémie de Covid-19 et à la guerre Russo-ukrainienne, l'économie sénégalaise a fait preuve de résilience, enregistrant une croissance positive du PIB réel en 2020 à hauteur de 1,3% et un rebond progressif en 2021(6,1%) et 2022 (4,7%), selon le FMI. Les projections indiquent que le pays devrait figurer parmi les dix économies affichant les croissances les plus rapides au monde en 2023 et 2024.
Cette dynamique économique a été soutenue par une expansion de la consommation intérieure et un dynamisme de l'investissement, tandis que le secteur des services et l'agriculture ont joué un rôle majeur dans l'offre économique. De plus, l'entrée en production du pétrole et du gaz en 2023 devrait stimuler la croissance économique, les recettes publiques et les exportations. Cependant, il est essentiel que le Sénégal utilise ces ressources non-renouvelables de manière judicieuse pour favoriser la création de valeur ajoutée, renforcer les liens intersectoriels et réinvestir les rentes issues de ces industries extractives dans le développement durable. A ce propos, le Coordonnateur Résident Aminata Maiga a réitéré l’engagement du Système des Nations Unies à accompagner le Sénégal dans cet important processus, en déclarant : « C’est pourquoi, les Nations Unies et d’autres partenaires techniques et financiers du Sénégal se sont engagés à accompagner le Gouvernement afin que l’exploitation du pétrole et du gaz génèrent des répercussions positives pour les jeunes et les femmes au Sénégal et d'éviter le piège à revenu intermédiaire ».
Par ailleurs, la transition du statut de PMA entraînera des défis importants pour le Sénégal. En quittant cette catégorie, le pays perdra progressivement les mesures de soutien international spécifiques aux PMA. Par conséquent, il devra renforcer ses capacités nationales et mobiliser davantage de ressources intérieures pour financer son développement. La dépendance croissante à l'égard des ressources financières extérieures, telles que les envois de fonds de la diaspora, l'aide publique au développement (APD) et les investissements directs étrangers (IDE), devra être atténuée par une politique budgétaire prudente et des efforts continus pour améliorer l'environnement des affaires.
De plus, le Sénégal doit faire face à des défis sociaux, tels que la création d'emplois durables et productifs pour les jeunes non-qualifiés et peu qualifiés. Malgré l'émergence de secteurs prometteurs tels que l'agro-industrie et les services à haute valeur ajoutée, le potentiel de ces industries reste largement inexploité en raison de la faiblesse des capacités productives correspondantes.
Dans sa marche vers l’émergence, la perspective d’une sortie du Sénégal de la catégorie des PMA constitue une étape importante, qui nécessite une préparation, une coordination et une synergie de tous les partenaires au développement.