Le Sénégal élabore une feuille de route sur le Funding Compact et formule des recommandations pour un financement durable avant le sommet de Séville

25 juin 2025 - Dakar, Sénégal
Responsables gouvernementaux, agences onusiennes, acteurs de la société civile ainsi que des représentants du secteur privé et d’institutions financières internationales ont élaboré, le 25 juin à Dakar, une première feuille de route visant à combler le déficit de financement du développement au Sénégal et à affiner la position du pays pour la Quatrième Conférence des Nations Unies sur le financement du développement (FfD4), prévue la semaine prochaine à Séville, en Espagne.
Ce rendez-vous de Séville constitue le plus haut niveau d’examen des engagements financiers depuis la pandémie et devrait orienter les priorités mondiales jusqu’en 2030.
« Conformément à l’agenda national de transformation Vision Sénégal 2050 et à la Stratégie nationale de développement 2025-2029, notre pays a fait le choix d’aborder de manière structurante les six piliers qui sous-tendent les débats sur le financement du développement : la mobilisation des ressources nationales, la soutenabilité de la dette, la justice fiscale, la coopération internationale, la réforme de l’architecture financière mondiale et le partenariat avec le secteur privé », a déclaré M. Souleymane Sow, coordonnateur de l’unité de suivi de la politique économique au ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération.
Des représentants des ministères de l’Économie, des Finances, du Budget, des Affaires étrangères et de l’Environnement ont siégé aux côtés de délégués de diverses entités onusiennes, y compris le Bureau du Coordonnateur résident, la CEA, la FAO, l’OIM, l’OIT, ONU Femmes, le PAM, le PNUD, l’UNESCO, l’UNICEF et l’UNOPS, ainsi que de la Banque africaine de développement, de la Banque islamique de développement, de centres de recherche universitaires et de la Commission nationale des acteurs de la société civile (CASC).
Les participants ont passé en revue le coût de 18 000 milliards de francs CFA (environ 30 milliards de dollars américains) de la stratégie nationale 2025-2029 et ont exploré des pistes pour accroître les recettes sans compromettre la viabilité de la dette.
« Cette activité permettra de dégager des orientations, de donner des recommandations au gouvernement du Sénégal pour le forum sur le financement du développement, mais aussi de dresser une feuille de route sur le Funding Compact qui permettra de travailler ensemble d'une manière pérenne pour avoir des mécanismes de financement solides au niveau communautaire pour le financement du Plan national de développement du Sénégal », a souligné M. Ibrahima Fall, président de la CASC.

Samira Daoud, directrice du Bureau national de l’Organisation internationale du Travail et représentante du Coordonnateur résident de l’ONU, a rappelé l’ampleur de l’enjeu : « Le dernier rapport du Secrétaire général sur le financement du développement durable de 2024 note que le déficit annuel de financement pour atteindre les Objectifs de développement durable dépasse désormais 4 000 milliards de dollars, soit trois fois les estimations d'avant la pandémie. Mesdames et Messieurs, la transformation du financement du développement ne peut se décréter ; elle doit se construire dans la transparence, l’innovation et la solidarité. Elle commence ici, aujourd'hui, à travers ce dialogue franc, inclusif et orienté vers l'action. »
Moustapha Ndiaye, du Bureau du Coordonnateur résident, a présenté les six engagements du Funding Compact pour rendre les financements plus flexibles, pluriannuels et alignés sur les priorités nationales ; l’objectif de porter à 30 % la part des contributions des États membres aux ressources pour le développement de l’ONU d’ici 2027 (contre 11,4 % actuellement) ; ainsi que les plans visant à porter le Joint SDG Fund et le Peacebuilding Fund à 500 millions de dollars chacun.
Les participants se sont ensuite répartis en deux groupes de travail. Le premier a identifié les sources de financement internes et externes, évalué leur efficacité et clarifié les rôles de l’État, du Système des Nations Unies, du secteur privé, de la société civile et des bailleurs, esquissant ainsi une stratégie durable et inclusive.

Le second a analysé les effets de l’architecture financière internationale sur les économies africaines, la réaction des institutions face aux crises et les réformes — des restructurations de dette plus rapides à des règles fiscales plus équitables — susceptibles de rééquilibrer le système au profit des pays en développement.
L’atelier a recommandé de renforcer la mobilisation des ressources internes au Sénégal, notamment par une réforme fiscale et une meilleure gouvernance. Il a également appelé à diversifier les sources de financement en impliquant davantage le secteur privé, la diaspora et la société civile. Un alignement plus étroit des financements extérieurs sur les priorités nationales a été jugé essentiel.
Les participants ont plaidé pour une réforme de l’architecture financière internationale, incluant la restructuration de la dette et une représentation accrue des pays du Sud. Enfin, le rôle des Nations Unies a été souligné pour accompagner ces efforts, à travers l’appui technique, le plaidoyer et la coordination.

La feuille de route et les recommandations seront partagées pour renforcer la position du Sénégal avant le départ de la délégation sénégalaise pour Séville, où le pays entend plaider en faveur d’une réforme de la dette, d’une justice fiscale et d’un meilleur accès aux financements climatiques dès l’ouverture de la conférence le 30 juin.