L'art urbain au service de la lutte contre le COVID-19
Ils se nomment Madzoo, BeauGraff et Xalima, des noms d’artiste qui sonnent comme une promesse de leur talent, qu’ils ne vont pas tarder à révéler.
Musiciens, peintres, slameurs, rappeurs, comme partout dans le monde, les artistes sénégalais se mobilisent dans la lutte contre le COVID-19. Pour diffuser les gestes de prévention, les Nations Unies au Sénégal, ont offert un espace d’expression aux jeunes graffeurs du collectifs RBS CREW, le temps d’une collaboration riche en émotions.
Le mois de ramadan, encore moins le soleil de plomb sous lequel brule l’asphalte dakarois, ne suffisent à faiblir leur enthousiasme.
Ils se nomment Madzoo, BeauGraff et Xalima, des noms d’artiste qui sonnent comme une promesse de leur talent, qu’ils ne vont pas tarder à révéler. L’ambiance est bon enfant et leur énergie contagieuse finit de se répandre à tous les collègues d’ONU Sénégal, venus participer à ce beau projet.
L’arsenal est impressionnant, une cinquantaine de bombes de peinture de toutes les couleurs disposées à leurs pieds, masques de protection couvrant le nez et une partie du visage, sans oublier la casquette vissée sur la tête ; et c’est parti !
Les coups de peinture s’enchainent et la fresque commence au bout de quelques heures à prendre forme. D’abord un jeune homme qui éternue sur le pli de son coude, puis le visage d’une jeune femme portant un masque, ensuite des mains lavées à l’eau savonnée, d’autres qui recueillent du gel hydroalcoolique, pendant qu’une autre tire un mouchoir de sa boite.
Lors d’un des rares moments où ils décrochent de la fresque, nous leur demandons ce que ce projet représente pour eux. Madzoo, le chef de fil, est le premier à répondre : « Nos sommes devenus graffeurs, pour nous mettre au service des populations. Nous avons tous grandi dans différents quartiers populaires de Dakar, où les gens sont souvent confrontés à de dures réalités, et comme d’autre le font avec leur musique, leurs livres ou leurs caméras, nos bombes de peintures sont les armes avec lesquelles nous dénonçons les injustices et portons des messages positifs. »
Il faut dire qu’avec les élections présidentielles de 2012 qui ont porté au pouvoir le Président Macky Sall, l’art urbain a connu un tournant, avec l’engagement de beaucoup de jeunes artistes pour dénoncer les problèmes politiques, sociaux, religieux, ou encore quand les droits de l’Homme sont bafoués. Des collectifs d’artistes comme le mouvement « Y’en a marre » composés à majorité de rappeurs, ont alors fortement contribué à faire élire l’actuel président.
Ce même collectif a sorti une chanson intitulée « Fagaru Ci Coronavirus » (« prévenir le coronavirus », en wolof) pour participer à l’élan national contre le COVID-19 et c’est tout naturellement selon BeauGraff, que RBS Crew met son art au service de cette cause commune. A ce propos il explique : « la plupart des gens que nous croisons ne savent pas lire et ne comprennent pas le français. Les images permettent souvent de dire, ce que les mots seuls ne suffisent pas à exprimer. Donc, peindre les gestes barrières dans nos fresques, c’est une manière pour nous de mieux les diffuser aux populations. Au-delà des images, les couleurs attirent le regard et même si le graffiti est un art encore relativement méconnu au Sénégal, c’est un puissant outil, qui permet de sensibiliser les populations sur les gestes barrières. ».
Pour les Nations Unies au Sénégal, c’est important de donner la parole à ces jeunes, dont l’art est encore déprécié par beaucoup, qui le renvoient à de vieux clichés. « Réaliser cette fresque devant le bâtiment des Nations Unies est une des collaborations qui vont nous marquer. Notre travail est enfin reconnu à sa juste valeur et nous ne sommes plus vus comme de vulgaires jeunes qui ne font rien de leurs journées, mais des artistes à part entière, qui rendent service à leur communauté. », se réjouit Xalima.
Il est temps de terminer cette fresque ! Les heures passent et au bout d’un ultime coup de peinture, on y arrive. Elle est magnifique et nos trois jeunes ont dans leur regard, la fierté et la satisfaction d’avoir mis leur art au service de la lutte contre le COVID-19, en particulier en collaborant avec les Nations Unis au Sénégal.
Sur cette collaboration, Léna Savelli, la Coordonnatrice Résidente a.i exprime également toute sa satisfaction. « Les Nations Unies au Sénégal sont pleinement mobilisées depuis le début de la crise sanitaire, aux côtés du Gouvernement, des populations, en particulier des plus vulnérables. Comme l’a rappelé le Secrétaire Général Antonio Guterres, ce n’est qu’ensemble avec tous les acteurs et par la solidarité, que nous vaincrons cette pandémie. Donc, faire cette activité avec ces jeunes est une manière d’être tous ensemble et d’être ouverts à la population, pour leur dire que nous demeurons à leurs côtés, pour que dans la lutte contre le COVID-19, personne ne soit laissé pour compte. » a-t-elle déclaré.
C’est avec le même sourire qu’ils sont arrivés, l’humilité dans la démarche et la bonhomie dans le regard, que les trois jeunes ont pris congé, nous laissant admirer cette fresque qui orne désormais la façade du bâtiment qui abrite le Bureau du Coordonnateur Résident, le PNUD, l’UNFPA et UNDSS.
Pour les Nations Unies au Sénégal, les 203 805 926 US$, dont 156 991 740 US$ déjà mobilisés par les différentes agences et toutes les initiatives dans l’appui à la réponse nationale au COVID-19 sont un motif de fierté, mais cette action symbolique qui met en avant de jeunes artistes Sénégalais dans la lutte contre le Coronavirus, est tout autant une fierté.