Journée «portes ouvertes» virtuelle des Champs-écoles paysans du Léhar
De mars à novembre 2020, treize femmes et sept hommes dont douze jeunes ont été formés à l’approche CEP.
Des facilitateurs(trices) équipé(e)s pour renforcer la résilience des communautés aux changements climatiques
La journée du 25 janvier 2021 était jour de célébration dans le Léhar, terroir situé au nord de la région de Thiès. Elle a marqué la fin de la formation de 20 facilitateurs(trices) qui ont suivi des sessions de renforcement de capacité des producteurs et productrices sur l’approche champ-école paysans (CEP) et les pratiques résilientes face aux changements climatiques. Dans le Léhar où l’agriculture est une des principales sources de moyens de subsistance des ménages, les villages de Pandiénou, Yendane, Dougnane et Térokh ont accueilli ces formations.
L’organisme de coopération internationale, Mer et Monde, impliqué dans la mise en œuvre du projet «Sécurité alimentaire: une agriculture adaptée (SAGA), coordonné par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a organisé cette innovante approche de communication sur les champs-écoles paysans en regroupant à la fois des participants du Sénégal et du Québec. La journée «portes ouvertes» virtuelle a réuni plus de 40 participant(e)s représentant des groupements de producteurs(trices), des organisations de la société civile ou des institutions de recherche.
«Si at Fiki» ou «Ensemble allons de l’avant !»
En décembre 2019, Mer et Monde a démarré la mise en œuvre de l’initiative «Si at Fiki» dans le cadre du projet SAGA, pour contribuer à l’amélioration de la résilience face aux changements climatiques et de la sécurité alimentaire et la nutrition des populations du Léhar. De mars à novembre 2020, treize femmes et sept hommes dont douze jeunes ont été formés à l’approche CEP.
Les activités ont été orientées de manière à développer chez les producteurs(trices) de réelles capacités d'identification des contraintes rencontrées sur les parcelles de culture et leur permettre de prendre des décisions appropriées basées sur l’observation, l'analyse et l’évaluation de leurs pratiques. En fonction des préoccupations exprimées et des problématiques soulevées lors de l’enquête de base, le programme de formation proposé a privilégié un équilibre dynamique entre les discussions de groupe et les contributions de personnes ressources, la théorie et la pratique.
«L’analyse de l’agro-écosystème est une activité phare dans le CEP, il faut connaitre l’écosystème de la plante pour pouvoir prendre des décisions», explique Abdou Diop, maître formateur de CEP.
Des périmètres ont été aménagés pour servir de champs test pour encourager l’innovation paysanne. Les productrices se sont concentrées sur la mise en pratique et l’expérimentation de techniques maraîchères résilientes aux changements climatiques telles que la gestion de la fertilité des sols, le contrôle non toxique des ravageurs pour améliorer la production agricole, le zoo à insecte ou la méthode zaï.
«Le zaï nous permet de nous adapter aux changements climatiques. Avec cette méthode de culture, même lorsqu’il n’y a pas suffisamment de pluie, nous pourrons tout de même cultiver la parcelle», explique Anta Seck, maître formatrice.
La méthode consiste à creuser des trous en quinconce selon un écartement donné et qui, associé à une fertilisation organique, permet de restaurer et de valoriser les terres dégradées, d’améliorer la fertilité des sols, de réduire l’érosion hydrique et de favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol.
Les facilitateurs(trices) font leurs preuves
La démultiplication des connaissances des facilitateurs(trices) a permis à 62 producteurs(trices) d’être aussi formé(e)s sur les pratiques maraîchères résilientes aux changements climatiques.
«La formation nous a permis d’apprendre comment planifier et mettre en œuvre un CEP et de nous approprier des techniques maraîchères adaptées aux changements climatiques[…] Cela va nous aider, nous les jeunes de la localité, à lutter contre l’exode rural», se réjouit Joséphine Ngoné Faye, facilitatrice en CEP.
«Nous savons comment faire face aux changements climatiques et avons acquis un certain nombre de connaissances […] que nous pourrons appliquer et partager au sein de la communauté», ajoute Victor Tine, facilitateur en CEP.
Les agriculteurs(trices) sélectionné(e)s ont ainsi reçu les outils nécessaires pour devenir à leur tour des facilitateurs (trices) de l’approche CEP dans leurs communautés. Le succès de cette initiative est dû avant tout à l’engagement des bénéficiaires et à l’appui des communautés et autorités locales des villages accueillant les champs-écoles.
«C’est une approche participative qui a donné de très bons résultats en termes de productivité, mais surtout en termes de dynamique de groupe […]; cette approche a favorisé une forte implication des femmes, une bonne participation des jeunes et un renforcement des capacités techniques et de gestion très salutaires pour le Léhar» soutient Makhfousse Sarr, Chargé de Programme à la FAO au Sénégal.
Les 20 producteurs(trices) formé(é)s sont désormais membres d’un réseau national de facilitateurs(trices). Ils et elles ont affirmé leur engagement à poursuivre le travail de renforcement des capacités dans leurs communautés et aussi à contribuer à la diffusion de l’approche CEP dans les différentes zones agroécologiques.
SAGA, pour une agriculture plus résiliente
Cette activité s’intègre dans la mise en œuvre de la composante 2 du projet SAGA portant sur le renforcement des capacités de la société civile. Mis en œuvre grâce à l’appui technique et financier du gouvernement du Québec, le projet SAGA vise à renforcer la résilience des secteurs agricoles face aux changements climatiques pour la sécurité alimentaire et la nutrition de deux pays francophones vulnérables face aux changements climatiques: Sénégal et Haïti. Cette activité, combinée aux autres initiatives pilotes de renforcement des capacités, représente une opportunité d’informer le processus de développement du plan national d’adaptation du Sénégal à partir d’évidences non seulement scientifiques, mais aussi pratiques, et ainsi d’assurer son alignement aux besoins et intérêts des communautés rurales.