COVID-19 : Faire de la crise une opportunité pour un développement plus durable, plus juste et plus résilient.
Par son ampleur, sa durée, ses mutations, la pandémie de la COVID-19 s’est très vite avérée une crise multidimensionnelle, notamment sanitaire, sociale, écon...
Les périodes de crise ont ceci de paradoxale qu'elles surviennent avec leurs lots de difficultés, mais laissent entrevoir dans le même temps des opportunités qu'il convient de saisir.
C'est d'ailleurs sans nul doute, parce qu'il partage cette conviction que le Secrétaire général António Guterres a appelé les États Membres de l'ONU dès le début de l'année 2021, à faire de cette année une « annus possibilitatis » ; celle des possibilités.
Par son ampleur, sa durée, ses mutations, la pandémie de la COVID-19 s'est très vite avérée une crise multidimensionnelle, notamment sanitaire, sociale, économique, humaine…, qui challenge nos capacités d'adaptation et de résilience, pour mieux soutenir les populations, en particulier les plus vulnérables. Cela a également créé des défis et ralenti au Sénégal, comme dans tous les autres pays du monde, les progrès déjà accomplis dans la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable (ODD) de l'Agenda 2030.
En mettant à profit son expérience et l'offre comparative de ses Agences, le système des Nations Unies au Sénégal, s'est très tôt mobilisé aux côtés du Gouvernement et des populations, d'abord pour une riposte rapide, puis en faveur d'une relance socio-économique, notamment à travers le Cadre des Nations Unies pour la Réponse Socio-économique immédiate à la COVID-19 comme son offre au plan national de réponse. Pour rappel ce Cadre a été adossé à celui déjà défini par le Gouvernement, à travers le Plan de résilience économique et social (PRES) avec un fonds dénommé FORCE-COVID-19 d'un montant de 1000 milliards de FCFA, soit 7% du PIB, mais également le Plan d'Action Prioritaire Ajusté et Accéléré (PAP2A).
Il faut souligner et féliciter la capacité de résilience organisationnelle dont l'État du Sénégal, accompagné des partenaires, a su faire preuve dans la gestion de la crise. En effet, le Gouvernement a su trouver les ressorts pour résister aux traumatismes causés par la pandémie, les contenir et aller de l'avant.
Il est vrai que la crise a affecté les différents groupes sociaux et touché la plupart des secteurs socio-économiques. Les difficultés du secteur de l'emploi ont été profondément exacerbées, impactant les revenus, une perte d'actifs productifs, une réduction de l'accès aux biens et aux services et une augmentation de la pression sur les systèmes de protection sociale formels et informels.
L'inévitable conséquence est que les vulnérabilités ont été accentuées, notamment celles de groupes comme les femmes, les enfants, les personnes en situation de handicap, etc. Au plus fort de la crise, en plus des conséquences sur l'emploi, les difficultés se sont posées quant à l'accès aux services sociaux de base et aux biens et services. Aussi, le système des Nations Unies au Sénégal a-t-il accompagner le Gouvernement à surmonter tous ces défis, en s'engageant dans les volets sanitaire, logistique, économique, sécuritaire, de mobilisation des ressources, communicationnel et de sensibilisation, etc.
La résilience organisationnelle du Gouvernement s'est par exemple traduite dès le début, dans sa capacité à réaffecter son budget à des secteurs prioritaires. Ensuite, elle s’est poursuivie par l’impulsion de la relance, à travers des investissements dans des secteurs vitaux, comme vient de le faire le Chef de l'État, à travers le programme d'urgence pour l'emploi et l'insertion socio-économique des jeunes, issu du récent Conseil Présidentiel sur l'emploi et la jeunesse, et qui sera exécuté de manière pragmatique, dans tout le territoire sénégalais. Il faut souligner que le système des Nations Unies au Sénégal est pleinement engagé dans ce processus aux côtés du Gouvernement et des partenaires.
Cet exercice que nous saluons, qualifié par le Président de la République comme « un diagnostic honnête de la situation de l'emploi, de l'employabilité et de l'entrepreneuriat des jeunes, pour en dresser un tableau d'ensemble », avec un financement conséquent pour une durée de trois ans, est à coup sûr un des éléments clés qui vont permettre de réduire les vulnérabilités et rendre effective une résilience durable.
Les jeunes font partie des populations les plus vulnérables, qu'ils soient en milieu urbain, ou rural. C'est pour cette raison, qu'en appui à l'ambitieux programme décliné par le Chef de l'État à leur endroit, le système des Nations au Sénégal est également en train d’accompagner l’élaboration d’une importante stratégie jeunesse (PSE Priorité Jeunesse 2035), en appui au Gouvernement, destinée à mieux soutenir cette catégorie qui représente plus de la moitié de la population.
Bien entendu, nous ne devons pas perdre de vue notre feuille de route commune, établie depuis l'adoption en 2015 de l’Agenda de développement durable à l'horizon 2030 et de ses 17 ODD. Certes la crise exacerbe les fragilités structurelles et aggrave les inégalités préexistantes. Mais l’'avantage, c'est que toutes ces fragilités avaient déjà été identifiées et incluses dans les ODD, même si au demeurant il faut convenir que la pandémie a porté un coup rude aux progrès réalisés jusqu'ici.
Il est heureux qu'au Sénégal, toutes les politiques, y compris celles élaborées pour faire face à la pandémie, s'adossent aux ODD et de facto sont orientées vers la réduction des inégalités et la prise en compte des plus vulnérables, pour que personne ne soit laissé de côté. A ce titre, la crise actuelle constitue une opportunité qui a révélé l'urgence d'intensifier l'engagement et l'investissement pour réaliser les objectifs de l'Agenda 2030.
Alors que les crises font des ravages, elles présentent également des opportunités qui doivent être exploitées pour mieux reconstruire et renforcer la résilience économique face aux chocs futurs. Au cours de cette pandémie, le Sénégal a observé une montée en puissance du e-commerce, qui doit encore se développer conformément à la stratégie de digitalisation du Gouvernement. Cela augmenterait la création d'emplois et faciliterait la reprise économique.
Il faut également noter qu'une des leçons de la crise de la COVID-19 est sans doute l'importance du multilatéralisme et la nécessité d'une meilleure coordination de l'action des partenaires au développement, pour une meilleure efficacité et un plus grand impact des interventions. L’équité pour l’accès aux vaccins est un plaidoyer constant des autorités nationales et du Secrétaire général des Nations Unies. Le système des Nations Unies au Sénégal travaille dans ce sens, avec l'ensemble des partenaires au développement et le Gouvernement.
Au nombre des opportunités, la vaccination peut être citée comme une des plus cruciale. Je me réjouis et félicite le Gouvernement pour la mise à la disposition rapide des vaccins aux plus vulnérables. Le système des Nations Unies au Sénégal est pleinement engagé aux côtés du Gouvernement et des partenaires, dans la campagne en faveur de la vaccination de tous, pour que bientôt cette pandémie soit un lointain souvenir.
Parce qu'ensemble nous sommes forts et que nous venons à bout des plus grands défis, je reste convaincu qu'à l'instar des crises précédentes, nous allons triompher de celle-ci. Gardons cependant à l'esprit que c'est d'abord en prenant soin des plus vulnérables d'entre nous que nous y parviendrons.
Siaka Coulibaly
Coordonnateur Résident du système des Nations Unies au Sénégal