Mme Cécile Compaoré Zoungrana, Représentante Résidente du Bureau Pays de l’UNFPA

Plus d'un milliard douze millions de FCFA reprogrammés par UNFPA pour appuyer la riposte nationale à la COVID-19.
Le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) soutient le Sénégal dans divers domaines. L’Agence mène des actions dans la Santé Reproductive (SR), le suivi des femmes enceintes jusqu’à l’accouchement et aux soins postnataux, la formation des travailleurs de la santé en divers sujets de Santé de la Reproduction (SR), la lutte contre les violences basées sur le genre, l’abandon des mutilations génitales, mais surtout en faveur des jeunes, comme la prévention des grossesses des adolescentes, les mariages précoces, etc. Mme Cécile Compaoré Zoungrana, Représentante Résidente du Bureau Pays de l’UNFPA, est revenue dans un entretien qu’elle nous a accordé, sur l’action de l’Agence au Sénégal, en particulier dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
Dans sa contribution à la riposte nationale, l'UNFPA a beaucoup œuvré en faveur des adolescents et des jeunes, qui ont été fortement impactés par la pandémie. Pouvez-vous revenir sur les grandes lignes des actions menées en faveur des jeunes, depuis le début de la pandémie ?
Dès le début de la pandémie, UNFPA/Sénégal s’est mobilisé pour appuyer les efforts du Gouvernement dans le cadre de la riposte à la COVID-19 en vue d’assurer la continuité des services pour l’atteinte des trois résultats transformateurs définis par l’organisation, notamment réduire les besoins non satisfaits en planification familiale, les décès maternels évitables, et les violences basées sur le genre.
Au niveau stratégique les premières mesures rapidement entreprises ont été la reprogrammation des ressources disponibles en engageant le dialogue avec les partenaires d’exécution et les donateurs, pour réviser certaines activités des Plans de Travail Annuels (PTA) 2020 de la Direction de la Santé de Mère et de l’Enfant (DSME), des dix régions d’intervention du Programme, du District Sanitaire de Popenguine, et de la Commune de Fass, Gueule-Tapée, Colobane à travers le Projet Fass Émergent.
Ainsi, un montant total de Un Milliard Douze Millions Quatre Cent Soixante Quatre Mille Cinq Cent Soixante Quatorze (1 012 464 574) Francs CFA a été reprogrammé pour répondre aux défis imposés par la situation d’urgence sanitaire que constitue la COVID-19, réparti comme suit : 42,116,324 FCFA pour le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale ; 170,000,000 FCFA pour le Ministère en charge du Genre, 109,896,250 FCFA pour le Ministère de la Jeunesse et 90,452,000 FCFA pour la Mairie de Fass-Gueule Tapée-Colobane. Nous avons également mené le plaidoyer auprès des bailleurs (le Canada et le Luxembourg) en vue de mobiliser des ressources additionnelles, nous permettant de mobiliser quatre cent quatre-vingt millions trois cent quatre-vingt-cinq mille six cent neuf (480 385 609 FCFA) auprès des Affaires mondiales Canada, pour renforcer les capacités des 5 régions médicales, ainsi que les ONG partenaires du programme au sud du Sénégal. Bien entendu, nous avons également recontextualisé les thématiques des événements spéciaux en réponse à la riposte contre COVID-19.
Sur un plan opérationnel, la continuité de l’offre de services de santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (SRAJ) a été assurée dans le contexte de la pandémie avec des résultats significatifs, notamment l’octroi d’équipements de protection et médicaux au Centre de traitement des Épidémies dans la région de Kédougou ; le dépistage VIH (83643 jeunes de 15-24 ans), la supplémentation en fer (16095 adolescent(e)s) ; 392431 adolescents et jeunes ont eu accès aux services d'information sur la planification familiale ; 727 prestataires formés pour la réponse au COVID-19; 820 pairs Éducateurs et membres des organisations de jeunesse formés sur la Covid 19 et la continuité des services SRAJ/VIH ; 598 soignants formés en soins obstétricaux d’urgence ; 1630 membres de Clubs de jeunes filles orientées sur les messages de transmission, prévention du COVID et la disponibilité des services SRAJ. Par ailleurs, Nous avons renforcé la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) et la résilience économique des ménages vulnérables qui sont restées le cheval de bataille de UNFPA, avec 102 000 000 FCFA accordés dans le cadre de l’initiative panier de la ménagère, et 68 000 000 FCFA pour divers achats de prévention des VBGs, kits de protection, avec des résultats clés (2192 agents du changement formés et actifs ; 49909 personnes sensibilisées (21267 femmes, 12641 filles, 10862 hommes et 5139 garçons) ; 779 victimes de VBG pris en charge ; 122 220 adolescents et jeunes ont eu accès à la prévention et la prise en charge des VBG ; 152 prestataires, Bajenu Gox, gendarmes, enseignants, conseillers municipaux, membres de clubs de jeunes filles, formés sur la prévention et la prise en charge multisectorielle des VBGs ; 141 membres de clubs de jeunes filles réinsérées à Kolda et Ziguinchor sur le plan socioéconomique en fabrication de teinture, savonnerie, batik et transformation de fruits ; 121 femmes et jeunes filles porteuses de fistules traitées, etc. Outre ces actions, nous avons beaucoup communiqué, en particulier à travers une campagne digitale réalisée sur les VBGs/ MGFs dans le contexte de la COVID 19 avec 1822836 personnes sensibilisées. La résilience économique des ménages vulnérables a été renforcée à travers l’initiative panier de la ménagère qui a permis de toucher plus de 3000 ménages vulnérables dans les 5 régions médicales du sud du Sénégal, et le projet d’opérationnalisation du dividende démographique dans la commune de Gueule Tapée Fass Colobane (GTFC- Fass Emergent) pour un montant de 90 452 000 Francs CFA, avec comme résultats 2354 ménages vulnérables bénéficiaires de l’initiative panier de solidarité.
La pandémie a révélé au plan global comme local, la nécessité d’intégrer les questions de la jeunesse dans les politiques de développement et les stratégies de réduction de la pauvreté. Comment cette nouvelle orientation stratégique est-elle prise en compte dans l’action de l’UNFPA au Sénégal ?
Les questions de la jeunesse ont toujours été au cœur des préoccupations de l’UNFPA qui a beaucoup œuvré pour assurer l’accès à l’information et aux services de santé reproductive pour les adolescents(e)/s/jeunes à travers une approche multisectorielle. Aujourd’hui, UNFPA est toujours dans cette dynamique d’intégration des questions de la jeunesse dans les politiques, plans et programmes de développement au niveau national. Dans sa stratégie destinée aux adolescents et aux jeunes, UNFPA s’engage sur cinq principaux axes stratégiques. Il s’agit de permettre un plaidoyer fondé sur des preuves pour l'élaboration, l'investissement et la mise en œuvre de politiques et de programmes complets ; de promouvoir une éducation complète à la sexualité ; de renforcer les capacités pour fournir des services de santé sexuelle et reproductive ; de prendre des initiatives audacieuses pour atteindre les adolescents et les jeunes marginalisés et défavorisés, en particulier les filles ; et de promouvoir le leadership et la participation des jeunes.
La pandémie a également accentué les inégalités liées au genre, en particulier chez les jeunes. Comment l’UNFPA au Sénégal œuvre-t-il pour que les filles et les garçons aient les meilleures opportunités pour développer leur plein potentiel ?
L’atteinte du résultat transformateur « Zéro violence basée sur le genre y compris les pratiques néfastes » est le fil conducteur de nos actions dans ce domaine. Pour que les jeunes en particulier les filles aient les meilleures opportunités pour développer leur plein potentiel, UNFPA a aussi développé, avec des partenaires stratégiques, deux initiatives phares ( Le « New Deal » et « l’École des maris »). En termes de résultats probants, le « New-deal » a réussi aujourd’hui à réaliser l'objectif « zéro grossesse » et « zéro mariage avant 18 ans » au sein des membres des Clubs de Jeunes Filles (regroupant plus de 8000 jeunes filles) et a contribué à l'utilisation des services de SRAJ, à la baisse des cas de grossesses précoces, de mariages d'enfants et de VBG dans les communautés ainsi qu'au maintien des jeunes filles à l'école. Ces résultats remarquables ont fait la notoriété du « New Deal » dont l'expérience a été partagée lors du Sommet de Nairobi sur les 25 ans de la Conférence Internationale Population et Développement (CIPD+25). L'État du Sénégal s'est d'ailleurs engagé devant la communauté internationale à faire passer à l'échelle nationale cette expérience innovante. Aussi, l'initiative « École des maris » est devenue aujourd'hui une stratégie nationale pour l'implication des hommes dans la promotion de la santé de la reproduction au Sénégal.
Beaucoup de jeunes n'ont pas accès à la santé sexuelle et reproductive. Quelles sont les actions menées auprès des jeunes Sénégalais pour réduire les risques, y compris dans la lutte contre le VIH SIDA ?
Pour répondre aux besoins multiples des jeunes dans le domaine de la santé notamment leur l'accès à la santé sexuelle et reproductive y compris la lutte contre le VIH/Sida, notre approche programmatique repose sur l'inclusion et la participation des jeunes et de leurs communautés ; mais également celles du système de santé, à travers des actions clés en milieu extra-scolaire et scolaire arrimées aux quatre niveaux d'engagement définis dans les Plan de Travail Annuels et portant sur le Plaidoyer, le renforcement de capacités, l'offre de services et la gestion des connaissances. Lors des événements spéciaux (Journée Mondiale de la Population, Journée Internationale de la Jeunesse, Journée Internationale de la Fille, etc.) et dans d'autres tribunes, un fort plaidoyer est mené depuis des années par UNFPA et ses partenaires pour le renforcement de l'offre de services en Santé de la Reproduction (SR), Planification Familiale (PF) ; VBG (y compris les pratiques néfastes) au profit des jeunes. Par ailleurs, UNFPA, à travers ses partenaires de mises en œuvre, renforce les capacités des jeunes sur non seulement les services susmentionnés et la promotion de l'Éducation à la Santé de la Reproduction (ESR), mais également en Activités Génératrices de Revenus (AGR) pour leur autonomisation. En termes de résultats, on note (4) protocoles et standards élaborés destinés au personnel de santé relatifs à la fourniture de services de santé sexuelle et reproductive de qualité pour les adolescents et les jeunes ; plus de (10 000) jeunes (15–24 ans) filles et garçons ont bénéficiés des soins de santé de la reproduction ; plus de 312 centres et postes de santé offrant des services intégrés de santé sexuelle et de reproduction et de lutte contre le VIH/Sida adaptés aux besoins des jeunes dans les zones d'intervention du Programme ; 15 Centres Conseil Adolescents-CCA/ Bureau Conseil Adolescents-BCA/Espace Jeunes-EJ fonctionnels à travers le pays qui ont grandement contribué à lutter efficacement contre les grossesses précoces, les Infections Sexuellement Transmissibles (IST) y compris le VIH/Sida, la Planification Familiale, à développer les compétences de vie courante et le potentiel des adolescent (e)s/jeunes en vue de leur participation active dans le développement du pays ; plus de 200 000 jeunes (15-24 ans) dépistés du VIH/Sida dans le cadre des conseils et dépistages volontaires (CCA, EJ) dans les zones d’intervention de notre Programme.
La réforme des Nations Unies promeut les actions conjointes des Agences pour plus d’efficacité des Équipes Pays. Comment UNFPA Sénégal collabore-t-elle avec les Agences sœurs du Système des Nations Unies au Sénégal, pour soutenir les jeunes ?
UNFPA ne déroge pas à cette dynamique d’actions conjointes du Système des Nations Unies (SNU) pour donner tout son sens au « Deliver as One » DaO (Unis dans l’Action), garant de plus d’efficacité des équipes pays. UNFPA s’est engagé aux côtés des Agences sœurs du SNU, auprès du Gouvernement du Sénégal pour l’élaboration et la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE). Nous entendons jouer pleinement notre partition dans ce programme et en notre qualité de lead du SNU en matière de Santé de la Reproduction, nous faisons de la Priorité 2 – « Education et Santé : faciliter l’accès des jeunes à un enseignement et des services de qualité », notre priorité. Nous soutenons les jeunes du Sénégal pour libérer leur potentiel à travers d’autres actions conjointes, notamment le Programme conjoint UNFPA-UNICEF pour l’accélération de l’abandon des mutilations génitales féminines depuis 2008. Nous collaborons avec le PNUD, l’ONUDI, l’UNICEF, l’ONUFEMME dans le cadre du Projet Fass Émergent pour l’opérationnalisation du dividende démographique et pour lequel des fonds viennent d’être mobilisés auprès du UN Trust Fund on Human Security (UNTFHS) pour la localisation des Objectifs Durables pour le Développement (ODDs). UNFPA Sénégal, UNICEF, OMS et ONUFEMMES mettent conjointement en œuvre le programme MUSKOKA qui vise à renforcer les interventions nationales dans le domaine de la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant ; de la planification familiale ; de la santé de l’adolescent et la lutte contre les violences basées sur le genre et pratiques néfastes et de la lutte contre la malnutrition.
En collaboration avec les autres Agences, nous apportons un appui technique et financier au Gouvernement et à ses partenaires pour la célébration des journées internationales ciblant les jeunes et les femmes (Journée internationale de la jeunesse, de la jeune fille, la journée tolérance Zéro Excision, la journée de la Femme, la campagne des 16 jours d’activisme etc.).