Renforcer les compétences et créer des opportunités pour promouvoir l'emploi des jeunes
Une enveloppe de 450 milliards de francs CFA a été dédiée aux financements des jeunes dans le but d'acquérir des compétences et améliorer leur employabilité
Au Sénégal, 60% de la population a moins de 24 ans et les jeunes en âge de travailler représentent plus de la moitié de la population active. Chaque année, on enregistre entre 100.000 et 260.000 jeunes sur le marché du travail et la pandémie de COVID-19 n’a pas manqué d’exacerber le chômage qui frappe les jeunes en particulier.
Le chef de l’État Macky Sall a fait de l’emploi des jeunes une priorité, en présidant en avril dernier, un conseil présidentiel sur le financement du Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio- économique des jeunes. A l’issue de cette rencontre qui avait réuni les membres du Gouvernement, des représentants des jeunes et des structures dédiées aux financements des jeunes, une enveloppe de 450 milliards de francs CFA sur 3 ans, avaient été annoncée pour accompagner et offrir des perspectives aux jeunes.
Compte tenu du dividende démographique du Sénégal, fournir des emplois aux jeunes qui entrent sur le marché du travail peut contribuer à augmenter la croissance économique, diminuer le taux de dépendance et augmenter les chances du Sénégal d’atteindre plus rapidement ses objectifs de développement.
Cependant, parmi les jeunes Sénégalais qui intègrent le marché du travail, beaucoup débutent à un âge précoce en raison de la pauvreté, de l’échec scolaire et de l'analphabétisme. Parce qu'ils ne peuvent pas se permettre de rester au chômage à cause de situations familiales difficiles, ils s'engagent souvent dans des activités professionnelles moins productives ; généralement dans le secteur informel, avec des emplois faiblement rémunérés. Aussi, beaucoup de jeunes sont dans une situation vulnérable sur le marché du travail et la plupart d'entre eux n'ont pas les compétences. Il apparait dès lors clairement que la participation au marché du travail varie en fonction des groupes sociaux, des compétences et des opportunités disponibles.
A la suite des épisodes de confinement et de la crise économique engendrée par la pandémie de COVID-19, beaucoup de jeunes se sont lancés dans le marché du travail, malheureusement dans des activités précaires et peu rentables.
Babacar Kane vend des babioles dans les grandes artères du centre-ville de Dakar. Pour lui, cet emploi n’est pas une vocation, mais un moyen de survivre et d’aider ses parents et ses huit frères et sœurs qui vivent dans la banlieue Dakaroise. « Mon rêve dans la vie n’était pas de passer mes journées sous un soleil de plomb à essayer de vendre des babioles.
J’ai un bac littéraire depuis trois ans, mais avec le coronavirus les cours sont perturbés. Ne pouvant plus rester à la maison sans rien faire, j’ai convaincu mon oncle de me prêter 20.000 francs CFA pour acheter de petites choses, que je revends. Parfois de généreux conducteurs qui me voient courir derrière leurs voitures me donnent un peu de monnaie, mais c’est très dur pour moi. J’aime bien faire de petits films avec mon téléphone et les partager avec mes amis. Si je le pouvais, je ferais une formation pour réaliser des films. », explique-t-il.
Compétences et opportunités
A côté des jeunes qui intègrent des emplois précaires à la suite d’un échec scolaire, beaucoup de jeunes diplômés sont également au chômage, faute de pouvoir trouver un emploi. Même pour obtenir un stage, les refus sont fréquents et le motif premier reste le manque de compétence et d’expérience. Il est vrai que des efforts sont faits depuis quelques années par le Gouvernement pour promouvoir la formation professionnelle, qui privilégie l’acquisition de compétences et d’ailleurs beaucoup de jeunes issus de centres de formation professionnels arrivent malgré tout à intégrer le marché de l’emploi. Toutefois, il est important de poursuivre les efforts dans ce sens en donnant une place importante à l’acquisition de compétences dans les formations des jeunes, mais également en donnant la possibilité aux jeunes sans formation qui sont déjà dans le marché du travail, d’acquérir des compétences par un accompagnement. En se concentrant sur une approche plus holistique, les politiques d'éducation pourraient donc aider les jeunes à développer des compétences, se former, se spécialiser et se préparer à de futurs emplois.
Dans le même temps, un diagnostic de la situation actuelle semble montré que les décideurs politiques devraient tenir compte de la participation au marché du travail, indépendamment du contexte socio-économique, et garantir une éducation holistique, le développement des compétences, des opportunités de formation professionnelle et des activités de travail productives.
Donner aux jeunes la possibilité de bénéficier de crédits et les accompagner peut les aider à conserver leur emploi. Pour s'attaquer au problème des emplois à faible productivité, la mise en place d'institutions appropriées et la formulation de plans, de programmes et d'ensembles de mesures visant à aider les jeunes sans emploi ou moins privilégiés peuvent les aider à acquérir des compétences pertinentes et à participer au marché du travail.
Il est a noté que l’Etat du Sénégal a favorisé beaucoup d’initiatives dans ce sens, comme la création de la Délégation générale à l’Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER), mise en place par le Chef de l’Etat pour apporter des solutions à l’emploi des jeunes et des femmes, ou encore le programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes « Xeyou Ndaw Yi » (l’emploi des jeunes), piloté par le ministère de la Jeunesse et dont la priorités est l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes.
La problématique de l’emploi des jeunes au Sénégal pourrait connaitre des avancées notables, si selon les experts, des efforts visant à prévenir les abandons précoces à l’école, à renforcer le lien entre l'éducation et la formation et le marché du travail et, partant, à améliorer l'employabilité des jeunes et des jeunes défavorisés, sont faits. Pour ce faire, il faudra promouvoir l'accès à une éducation de qualité qui apporte aux jeunes non seulement des compétences techniques et professionnelles, mais également des compétences fondamentales pour l'employabilité ; la promotion de l'apprentissage en situation de travail, du conseil et de l'orientation professionnelle et ; la mise en place de programmes actifs du marché du travail ciblant en particulier les jeunes vulnérables.