Diandioli ou l’univers des demi-lunes au cœur de Matam
16 janvier 2022
Le PAM vient de lancer un important programme de réhabilitation de terres dégradées à travers la technologie des demi-lunes au Sénégal.
En moyenne, par jour, une centaine de demi-lunes sortent de terre. Une activité qui nécessite de la main-d’œuvre et beaucoup d’engagement et de présence continue des participants à ces travaux. Le tout adossé à une forte mobilisation sociale. Parmi ce beau monde, figure Hawa Dia, 45 ans, mère de 08 enfants dont 03 malentendants.
« En milieu rural, les femmes ressentent le plus les effets de la pauvreté. Tous les matins, au réveil, nous peinons à trouver de quoi servir comme petit déjeuner à nos enfants. La seule alternative est d’aller travailler pour pouvoir ramener quelque chose à la maison. Voilà pourquoi je me donne corps et âme pour la réussite de ce programme » dit-elle. Cette femme de teint noir et de taille moyenne, affirme qu’elle compte sur cette opportunité pour s’occuper également de son mari qui a perdu la vue.
Agé de 30 ans, Moussa Dia fait partie des 180 bénéficiaires trouvés sur cette vaste étendue de terre aride. « Nos encadreurs nous mettent à l’aise. J’ai acquis une bonne expérience. Je sais tracer, mesurer, creuser, mélanger le compost, etc. Cependant, je suis très pressé de voir les résultats, puisque cette terre est comme du ciment. A part le jujubier, je ne crois pas qu’une autre plante pourrait y pousser », lance-t-il, avant d’ajouter qu’il est prêt à dupliquer cette pratique dans les champs de son père, en cas de réussite.
Samson Sisay Teka est l’expert principal envoyé par le Bureau Régional du Programme Alimentaire Mondial pour les former dans la maitrise de la technologie et ainsi leur permettre de récupérer et de valoriser des terres non exploitées depuis 40 ans. « Dès notre arrivée, nous avons favorisé les concertations régulières avec les communautés avant même d’entamer la formation des formateurs. Nous avons véritablement privilégié l’approche communautaire pour sensibiliser les populations et stimuler l’esprit d’entraide entre elles, afin qu’elles puissent travailler ensemble » précise-t-il. Cet éthiopien, devenu un des leurs grâce au nom local qui lui a été donné, « Samba Sow », suit pas à pas tout le processus de transfert de compétences vers les communautés et les services techniques de l’état compétents. A travers l’approche « Food Assistance For Asset creation » (FFA) ou Assistance Alimentaire pour la création d’actifs durables, le PAM fournit non seulement une assistance financière journalière pour la mobilisation des communautés mais aussi les outils de travail (piques, pioches, etc.) ; Il fournit également aux partenaires opérationnels l’équipement technique ainsi que des guides pratiques.
De nouvelles techniques culturales qui permettent à ces communautés de récupérer des superficies importantes de terres abandonnées au profit des populations vulnérables, pour y mener des activités agricoles.
Toute une équipe du PAM, sous la houlette du nouveau sous-bureau ouvert à Matam, travaille au quotidien, en parfaite synergie avec les services techniques de l’Etat. C’est le cas de l’Institut National de Pédologie (INP), représenté par Oumar Bâ. Pour ce dernier, ce projet est venu à son heure. « C’est l’INP qui devait exécuter ce projet, mais faute de moyens, nous n’avons pas pu.
Nous profitons de cette venue du PAM pour apporter notre savoir-faire. La collaboration est saine et nous espérons avoir de bons rendements » a-t-il rappelé.
Toutefois, il souligne que les demi-lunes ont permis de découvrir que ces terres ne sont pas complètement mortes. Selon lui, « Il y a une humidité qui se dégage dès les premiers labours. Pendant l’hivernage les efforts consentis seront visibles, le tapis herbacé sera au rendez-vous ».
Même son de cloche du côté des autorités administratives locales, notamment le représentant du Maire de Ogo. « C’est une aubaine et une excellente initiative qui facilite la résilience. Les populations doivent s’engager pour accélérer leur autonomie. » Cette invite du Secrétaire municipal Issa Bélal Bâ est renforcée par l’adjoint au Sous-préfet de Ogo, monsieur Thierno Birahim Fall qui réitère l’accompagnement de l’État dans cette « volonté du PAM de contribuer à la création d’emplois, la lutte contre l’exode rural mais aussi et surtout la conscientisation des jeunes à ne pas s’aventurer dans l’émigration clandestine, en cette période de Covid-19 ».
L’espoir est permis dans cette zone appartenant à la bande sahélienne. D’ici 2022, grâce à cette initiative, la région de Matam verra, sans doute, la récupération d’importantes superficies de terre où pousseront différentes spéculations (les légumes, céréales ou fruits attendus). Ce qui va Améliorer ainsi l’accès à la terre et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations vulnérables de la zone.