Parole aux agricultrices 2.0 du nord du Sénégal, bénéficiaires des programmes de ONU Femmes
La Journée internationale des femmes, le 8 mars 2022 (JIF 2022), s’inscrit sous le thème de « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable »
La Journée internationale des femmes, le 8 mars 2022 (JIF 2022), s’inscrit sous le thème de « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable » - en reconnaissance de la contribution des femmes et des filles du monde entier qui mènent l’offensive quant à lutte contre les changements climatiques pour la construction d’un avenir plus durable et inclusif.
Au Sénégal, ONU Femmes contribue au programme « Accès des femmes à la terre et aux ressources productives pour une agriculture résiliente au changement climatique », à travers le projet AgriFeD, qui appuie le réseau des femmes du Nord, dans les régions de Saint-Louis et Matam, où le changement climatique provoque l’irrégularité des pluies, qui affecte durablement la production agricole de ces femmes, dont c’est souvent la principale source de revenus.
Pour savoir comment l’appui d’ONU Femmes a changé les vies de ces braves femmes, nous sommes allés à leur rencontre.
Sina Diagne, agricultrice, membre de REFAN
Sina Diagne fait partie du Réseau des femmes agricultrices du Nord (REFAN), situé dans les régions de Saint-Louis et Matam, au nord du Sénégal. Productrice de riz à Ross Bethio, elle est une bénéficiaire du projet AgriFeD qui a notamment mis sur pied des champs-école au bénéfice de 125 femmes du réseau, afin qu’elles puissent apprendre de bonnes pratiques agricoles et s’adapter au changement climatique.
« Auparavant, nous connaissions avec précision les périodes de semis et les périodes de récolte, ce n’est malheureusement plus le cas, à cela s’ajoute la rareté et l’irrégularité des pluies. Tout est perturbé ; la situation actuelle est inquiétante. »
Quelle est votre activité principale ?
L’agriculture est mon activité principale, ce qui fait que je ne peux pas rester inactive. Je travaille en hivernage, mais je pratique également des cultures de contre-saison. Le rallongement de la durée de maturité de ces dernières affecte les cultures d’hivernage. A cause de cela, il m’arrive de ne pas avoir le temps de préparer les champs à temps, ce qui me pousse à abandonner parfois quelques hectares. Là où nous pouvions récolter 100 sacs par hectare, nous dépassons rarement les 60 sacs…
Comment avez-vous ressenti les effets du changement climatique ?
Le changement climatique a profondément modifié notre façon de vivre et notre mode de travail. Nous en entendions seulement parler, mais actuellement, nous le vivons de plein fouet.
Nous avons commencé à remarquer ses effets il y a 4 ou 5 ans. Auparavant, nous avions un calendrier cultural stable. Nous connaissions avec précision les périodes de semis et les périodes de récolte, alors que ce n’est plus le cas, à cela s’ajoute la rareté et l’irrégularité des pluies. Tout est perturbé ; la situation actuelle m’inquiète.
Quels sont les principaux effets du changement climatique sur votre activité ?
Il y a quelques années, lorsque nous pratiquions des cultures de contre-saison de riz, les conditions étaient excellentes tandis qu’à présent, avec les dérèglements dans les saisons, il peut faire chaud une semaine et très froid la suivante. Cela perturbe la durée de maturité du riz.
Le changement climatique a également eu un impact négatif sur nos activités de maraîchage. Nous récoltions d’énormes quantités de tomates, mais maintenant, au mois de mars, il y a un vent qui détruit tous nos plants ainsi nos cultures de piment et d’oignon.
Comment arrivez-vous à vous adapter ?
Ce qui nous aide pour faire face, ce sont les informations météorologiques que nous recevons régulièrement sur nos téléphones grâce à l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM). Par exemple, s’ils nous disent qu’il y a une vague de canicule qui s’annonce, nous arrosons nos terres avec beaucoup d’eau, afin que nos cultures ne souffrent pas trop. Ce sont les seules mesures d’adaptation que nous avons pour le moment.
Nous essayons même à notre tour de sensibiliser nos sœurs agricultrices sur les mesures d’adaptation, comme le reboisement. Je n’ai pas fait d’études, mais je sais désormais que la pollution de l’air peut être arrêtée ou atténuée par les arbres grâce aux formations organisées par ONU Femmes.
Maimouna DIOP Présidente de REFAN Saint-Louis
Maïmouna DIOP est présidente de Réseau des Femmes Agricultrices du Nord (REFAN), Saint-Louis qui regroupe les cinq communes du département, et qui totalise plus de de 80 GIE. Elle nous parle de l’appui de ONU Femmes dans l’autonomisation des femmes du Réseau.
« Nous avons reçu des formations dans la gestion organisationnelle, la comptabilité, informatique et en éducation financière qui nous permettent de comprendre et de travailler avec les institutions financières de la région. »
Quel a été l’appui principal d’ONU Femmes dans votre travail ?
Nous travaillons dans la transformation de céréales locales, l’agriculture, le maraîchage, la riziculture et le commerce.
ONU Femmes nous appuie dans la formation de nos membres. Les activités de formation sont essentielles à notre travail. Grâce à ONU Femmes, les femmes du Réseau sont parfaitement outillées pour faire mener à bien leurs activités professionnelles. Nous avons reçu des formations dans la gestion organisationnelle, la comptabilité, informatique et en éducation financière qui nous permettent de comprendre et de travailler avec les institutions financières de la région. Pour qu’une femme puisse devenir autonome, il faut qu’elle ait des revenus qui lui permettent de se prendre en charge. Ainsi, en plus des formations théoriques, ONU Femmes a organisé des formations techniques à l’intention de nos membres. Nous avons été formées à la transformation de céréales locales et fruits et légumes, ainsi qu’en saponification, pâtisserie et transformation de riz.
Concernant l’agriculture, nous avons renforcé nos connaissances grâce aux champs-écoles qui nous ont permis d’améliorer les rendements de nos champs. Nous avons également bénéficié d’un appui technique dans la commercialisation dans la filière rizicole.
Qu’est-ce que cet appui a changé dans votre quotidien ?
L’appui d’ONU Femmes a changé ma vie et celle de beaucoup d’entre nous. Les formations m’ont aidé à devenir autonome, car actuellement, j’ai ma propre unité de transformation, j’ai mon champ de 5 hectares et je sais comment gérer mes activités grâce aux connaissances acquises en gestion des entreprises, en comptabilité, etc.
L’expérience d’ONU Femmes démontre que le renforcement de la résilience dans l’agriculture exige une approche intégrée qui aborde simultanément la sécurité du régime foncier ainsi que l’accès à d’autres actifs productifs dans le contexte de changement climatique.
A travers ses interventions, à l’horizon 2023, AGRIFED vise à autonomiser économiquement plus de 30 000 agricultrices sénégalaises et à renforcer leur résilience face aux changements climatiques.