Le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) à l’écoute des causeries communautaires sur l’élimination de la fistule obstétricale d’ici 2030
Chaque jour dans le monde, plus de 800 femmes meurent de complications liées à la grossesse.
Les 20 et 22 juin 2023, l’UNFPA a organisé une visite de terrain auprès des communautés soutenues par les ONG d’exécution pour participer à deux causeries portant sur la fistule obstétricale, ainsi que les interventions gratuites de l’UNFPA dans les régions de TAMBACOUNDA et de Kédougou, visant l’éradication de cette pathologie lourde de conséquences médicales, socioéconomiques et psychologiques graves.
Chaque jour dans le monde, plus de 800 femmes meurent de complications liées à la grossesse. Parmi elles, la Fistule Obstétricale constitue un fléau qui porte atteinte à la dignité humaine de la femme et l’expose à situation invalidante. Elle est liée aux grossesses, au travail d’accouchement prolongé et aux accouchements difficiles, avec une faible qualité de soins obstétricaux entrepris à temps.
L’OMS définit la fistule obstétricale comme étant une communication anormale entre le canal vaginal, la vessie et/ou le rectum. La femme porteuse de la fistule subit des pertes incontrôlées d’urines ou de selles entrainant une mauvaise odeur permanente la stigmatisant. Subséquemment à l’ostracisation sociale, selon les témoignages issus des causeries communautaires, elle fait face à des violences faites aux femmes telles que l’abandon conjugal, la stigmatisation, le rejet familial, la pauvreté etc.
Si la fistule obstétricale a pratiquement été éliminée dans les pays développés, force est de constater qu’en Afrique, les femmes et les jeunes filles font encore face quotidiennement à cette morbidité évitable et, dans la plupart des cas chirurgicalement réparable.
Implantée au Sénégal depuis 1975, l’UNFPA est l’agence des Nations Unies qui œuvre pour la réduction de la mortalité maternelle en vue d’accélérer les progrès dans la mise en œuvre du Programme d’Action issu de la Conférence Internationale sur la Population et le développement 5CIPD+25. En charge des questions sur la santé de la reproduction, l’éradication de la mortalité maternelle liée au décès liés aux grossesses figure parmi ses objectifs les plus cruciaux.
De 2018 à 2023 l’UNFPA/Agence Mondiale Canada a mobilisé près cent millions de FCFA, pour la prise en charge chirurgicale 210 femmes porteuses à Kolda, 114 à Sédhiou, organisé des centaines de causeries, financé une maison d’accueil et 3 chambres d’hôte pour héberger les femmes. Un suivi et un renforcement des capacités économiques de chaque bénéficiaire est également assuré.
Sous l’arbre à palabre dans sa concession, au fin fond de son village situé dans la région de Tambacounda A.S raconte : « Avant, j’étais très belle. Mais suite à un accouchement, j’ai eu la fistule et ma vie a basculée. Pendant près de 40 ans, mes selles se sont mélangées à mes urines qui coulaient sans interruption. A cause des mauvaises odeurs qui émanaient de ma personne, j’ai perdu mes amis, je n’étais plus invitée aux baptêmes, ni à aucune autres cérémonies. J’ai subi 6 opérations et bénéficié des camps d’opérations gratuites de la fistule que l’UNFPA organise avec Agence Mondiale Canada. Aujourd’hui, grâce à une leur projet d’Amélioration de la Santé et du Bien-être des femmes et des adolescents du Sud (SDAFSS), j’ai démarré des activités génératrices de revenus qui me permettent de me réinsérer petit à petit dans la société. »
Dans le village de Fass Gounass, des causeries organisées par les organisations non-gouvernemental (ONG) partenaires d’exécution de l’UNFPA/Agence Mondiale Canada ont permis de libérer la parole des femmes vivant en milieu rural. Grâce à ces rencontres féminines intergénérationnelles, les participantes ont appris à reconnaitre et à identifier les signes de la fistule et prennent des engagements à référer des cas dans le futur.
Selon D.D, « Je voyais ma voisine étaler régulièrement son linge hors période menstruelles. Car nous savons que nos périodes sont naturellement menstruelles. En plus, un liquide coulait constamment de ses parties intimes et laissait des tâches partout où elle s’asseyait. Cela sentait mauvais et elle avait honte. Nous ses voisins, on voyait, mais on ne disait rien. Par contre, les grands-mères disaient qu’elle faisait l’objet d’une malédiction. Puis, son mari l’a abandonné. Nous ne la voyions plus. Maintenant, avec la causerie que nous avons eue, je viens de comprendre qu’elle avait la fistule. »
Une sage-femme, membre du groupe de la causerie explique aux participantes que la problématique de de cette affection sévère et débilitante est liée aux mariages et grossesses précoces, aux accouchements à domicile, aux difficultés d’accès géographiques, financières et/ou insuffisantes aux structures sanitaires. Aspects considérables qui entrainent des retards dans la prise en charge au niveau des structures sanitaires.
La fistule obstétricale est l’une des plus graves blessures que risquent les femmes au cours d’un accouchement. Cependant, il existe peu de données disponibles sur l’épidémiologie (incidence et prévalence) de la fistule obstétricale à l’échelle mondiale, surtout au Sénégal.
Sur le plan mondial la stratégie globale visant à garantir l’accès universel à une santé et à des droits sexuels et reproductifs de qualité, en 2022 les états signataires de la convention sur la fistule obstétricale se sont engagés à élaborer et mettre en œuvre une stratégie et un plan d'action national inclusif, intégré, chiffré et limité dans le temps, afin d’y mettre fin d'ici les 7 prochaines années à venir (ODD2030). Le volet de prévention de la fistule obstétricale inclut le suivi de la planification familiale pour éviter des grossesses évitables, la lutte contre le mariage d’enfants et les grossesses précoces chez l’adolescente (bassin non encore mature, la Consultation Prénatale (au moins 4 consultations), l’accouchement assisté par un personnel qualifié dans une maternité équipée (pas à domicile) et les soins obstétricaux néonataux d’urgence, dont la césarienne faite à temps. Le volet de prise en charge de cas de fistule obstétricale inclut l’identification a base communautaire des femmes porteuses de fistules obstétricales, la confirmation du cas par un examen médicale dans une structure médicale, le groupement des femmes confirmées porteuses de fistule obstétricale dans un centre , l’organisation delà campagne de réparation chirurgicale gratuite de ces femmes, la re éducation physiologique (kinésithérapie urinaire) et psychologique post opératoire de ces femmes opérées et ensuite la re insertion socioéconomique à travers des activités génératrices de revenu.
Au Sénégal c’est le Gouvernement qui en charge de prendre les dispositions nécessaires pour créer un cadre favorable et adéquat en vue d’une meilleure collaboration avec les ministères sectoriels en l’occurrence le ministère de la Santé de l’Action Sociale et le Ministère de la Famille et de la Protection de la Petite Enfance, les parties prenantes afin de développer des synergies adaptées à la prise en charge intégrée des femmes pour l’élimination de la fistule obstétricale.
Avec l’UNFPA/AMC, il est à noter que des efforts considérables ont été entrepris à travers la plateforme nationale sur la Fistule obstétricale qui rallie les ONG ainsi que les autres partenaires nationaux et internationaux autours d’activités de sensibilisation, de mobilisation de ressources et de réparations chirurgicales des femmes localisées dans les endroits les plus reculés au niveau des 14 régions du Sénégal.