Le Sénégal lance les 16 jours d’activisme pour mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles
La campagne annuelle des “16 jours d’activisme” contre la violence basée sur le genre a été officiellement lancée le 25 novembre à la Place de la Nation à Dakar
Se déroulant du 25 novembre au 10 décembre, cette campagne internationale vise à sensibiliser et à galvaniser l’action pour mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles dans le monde entier.
Environ 300 participants, dont des responsables gouvernementaux, des diplomates, des représentants des Nations Unies, des leaders de la société civile, des jeunes activistes et des artistes, se sont réunis sous le thème « Vers les 30 ans de la déclaration et du programme d’action de Beijing : s’unir pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes ».
Un appel national urgent pour mettre fin à la violence
La ministre de la Famille et des Solidarités, Madame Maimouna Dieye, a prononcé un discours avec un message fort appelant à la responsabilité collective dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles au Sénégal.
« Ce moment est bien plus qu’une simple cérémonie. C’est un rappel à l’action contre un fléau qui nous préoccupe tous : la violence », a-t-elle déclaré.
Évoquant des statistiques alarmantes selon lesquelles près de trois femmes sur dix au Sénégal ont subi des violences au cours de l’année écoulée, elle a exprimé une profonde préoccupation face aux récents incidents, notamment le viol d’une jeune fille de 13 ans et des cas de violence conjugale à Matam.
« Évidemment en tant qu’épouse, en tant que mère ou en tant qu’être humain simplement, ces cas nous interpellent profondément et nous devons tous ensemble redoubler d’efforts dans la sensibilisation et le plaidoyer pour l’éradication de la violence d’où qu’elles viennent, mais particulièrement contre les femmes et les filles », a exhorté Madame Dieye.
Elle a annoncé l’inauguration prochaine du Centre national de prise en charge holistique des victimes de violences et l’ouverture de centres d’accueil à Fatick, Kaolack et Kaffrine, avec le soutien d’Enabel, l’agence belge de développement. « Ces centres ont pour vocation d’assurer aux victimes et survivantes de viols une prise en charge médicale, sociale et juridique », a-t-elle expliqué.
L’urgence mondiale soulignée par les Nations Unies
Représentant Madame Aminata Maiga, Coordonnateur résident des Nations Unies au Sénégal, Madame Aissata Kane, Cheffe de mission de l’Organisation internationale pour les migrations au Sénégal avec fonctions de coordination pour le Cap Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau et la Sierra Léone, a souligné l’importance mondiale de la campagne.
« Toutes les dix minutes, je dis bien dix minutes, une femme est tuée dans le monde. Une femme sur trois est victime de violences au moins une fois dans sa vie », a-t-elle déclaré.
Elle a appelé à des approches multisectorielles et à la participation active de tous les acteurs. « Des résultats significatifs ne peuvent être atteints sans la participation active des organisations de défense des droits des femmes, l’affectation du budget nécessaire et l’établissement actif de rapports sur les progrès réalisés pour mettre fin à l’impunité et prévenir la violence en l’égard des femmes et des filles », a affirmé Madame Kane.
La voix des jeunes exige une action immédiate
L’ambassadrice de la jeunesse Madame Matou Amar, représentant l’Agenda national de la jeune fille, a lancé un appel émouvant pour des actions immédiates et concrètes.
« Chaque jour dans nos maisons, dans nos familles, dans nos écoles, dans nos universités, dans nos communautés, mais aussi et surtout sur les réseaux sociaux, des femmes et des filles souffrent de violences », a-t-elle déclaré.
Soulignant la montée des abus en ligne qui « détruisent l’estime de soi et exposent les femmes à une humiliation publique », elle a remis en question l’efficacité des lois existantes. « Mais que vaut une loi si elle n’est pas appliquée avec rigueur? Je vous pose la question. Que vaut une loi si elle n’est pas accompagnée de structures pour soutenir les victimes et prévenir les violences? », a-t-elle interrogé.
Madame Amar a appelé à :
- Augmenter le financement pour financer des politiques ambitieuses comme le Plan d’action national de lutte contre les violences basées sur le genre.
- Créer des centres d’accueil uniques dans toutes les régions pour offrir un soutien médical, psychologique et juridique digne.
- Multiplier les campagnes de sensibilisation pour qu’aucune victime ne se sente jamais seule ou coupable.
- Garantir que chaque agresseur soit traduit en justice sans exception.
Les responsables communautaires et la société civile unissent leurs forces
Les responsables locaux et la société civile ont rejoint l’appel à l’action. M. Aziz Paye, maire de Gueule Tapée-Fass-Colobane, a mis en avant les efforts communautaires, notamment un centre d’écoute pour les femmes qui a assisté 425 familles l’année dernière.
Madame Penda Seck Diouf, présidente de la Synergie des Organisations de la Société Civile contre les violences faites aux femmes et aux filles, a exhorté à une application plus stricte des lois et à la création d’un Observatoire national sur les violences basées sur le genre. « La violence à l’égard des femmes et des filles est devenue une question de santé publique », a-t-elle noté.
Le soutien international renforce les efforts
Son Excellence Madame Hélène De Bock, ambassadrice du Royaume de Belgique au Sénégal, a réaffirmé l’engagement de la Belgique à soutenir les initiatives du Sénégal, saluant des efforts tels que les centres d’accueil. « Par un engagement fort des responsables politiques, nous réussirons à lutter contre l’impunité et à renforcer la résilience des femmes et des filles », a-t-elle déclaré.
L’art et la culture amplifient le message
Des performances culturelles ont renforcé les thèmes de la campagne. La troupe théâtrale “Espoir de la Banlieue” a présenté une pièce illustrant l’impact de la violence basée sur le genre. Des prestations musicales de Jahman et Amira, ambassadeurs de la campagne “Wóolu naa la ci”, ont dynamisé la foule.
Un engagement collectif pour le changement
Soulignant l’importance d’un front uni, la ministre de la Famille et des Solidarités, Madame Dieye a déclaré : « La lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles est l’affaire de tous. États, sociétés civiles, partenaires au développement, leaders religieux, chefs coutumiers, réseaux de femmes et de filles, artistes, sportifs, influenceurs, médias, etc. Je demande à tous les acteurs d’unir leurs forces durant les 16 jours pour multiplier les initiatives, dérouler des campagnes de sensibilisation, faire des ateliers de renforcement de capacité et organiser des événements communautaires. »
Le lancement a souligné une volonté collective d’aborder de front la violence basée sur le genre. La campagne des 16 jours d’activisme comprendra diverses initiatives, ateliers et événements communautaires à travers le pays, visant un changement significatif au Sénégal.