L'ONU affirme sa solidarité avec l'Afrique dans sa bataille contre le COVID-19
Le Secrétaire général a félicité les pays africains pour les mesures prises afin de supprimer la transmission et contrôler la propagation du COVID-19.
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a promis mercredi que l’Organisation serait solidaire de l’Afrique qui se prépare à affronter la propagation de la pandémie de Covid-19, lors d’une réunion avec les représentants des pays africains membres des Nations Unies.
« Tous les efforts doivent viser l’ennemi commun, alors que nous nous préparons à la propagation attendue de la pandémie en Afrique. Ce n’est en aucun cas le fait de l’Afrique. Mais comme pour la crise climatique, le continent africain pourrait finir par subir les plus grands impacts », a dit M. Guterres lors de cette réunion.
Il a félicité les pays africains pour les mesures prises afin de supprimer la transmission et contrôler la propagation du Covid-19, ainsi que pour préparer la population et l’économie à son impact.
Il a ainsi pris pour exemple l’Ouganda qui soutient les entreprises en rééchelonnant les cotisations de sécurité sociale, ou encore la Namibie qui offre une allocation de revenu d’urgence aux travailleurs qui ont perdu leur emploi, et l’Égypte qui a réduit la fiscalité des industries, reporté la taxation des terres agricoles et élargi son programme de filet de sécurité sociale.
Il a aussi salué les initiatives de l’Union africaine (UA) visant à soutenir les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies, à créer un Fonds spécial de réponse au Covid-19 et à nommer des envoyés spéciaux pour mobiliser un soutien économique international.
« Le système des Nations Unies fait tout ce qui est en son pouvoir pour aider à renforcer et à compléter les capacités nécessaires pour faire face à la propagation », a déclaré le Secrétaire général.
Missions de paix et politiques de l’ONU mobilisées
Depuis le début de l’épidémie, les missions de maintien de la paix et politiques des Nations Unies ont ainsi mis au point des campagnes de sensibilisation, des formations pour les fonctionnaires et les travailleurs sociaux, des programmes radiophoniques et aidé à l’élaboration et à la mise en œuvre de plans d’intervention locaux face au Covid-19. Le système de développement des Nations Unies et les coordonnateurs résidents sont également pleinement mobilisés.
M. Guterres a pris comme exemple l’équipe de pays des Nations Unies au Nigéria qui a contribué 2 millions de dollars pour acheter des fournitures médicales essentielles. En Afrique du Sud, l’ONU travaille en partenariat avec des organisations locales pour diffuser des messages approuvés par l’OMS sur le Covid-19 et pour créer une plate-forme destinée à soutenir l’apprentissage des enfants pendant la période de fermeture des écoles en raison du confinement.
« Sur l’ensemble du continent, nos coordonnateurs résidents et nos équipes de pays des Nations Unies travaillent avec des donateurs bilatéraux, des institutions financières internationales et le secteur privé pour mobiliser des fonds nationaux pour lutter contre la pandémie », a noté le chef de l’ONU. « L’OMS soutient les gouvernements dans la détection précoce. Alors qu’au début de l’épidémie, seuls deux pays pouvaient tester le Covid-19, 47 pays africains peuvent désormais le faire. L’OMS fournit également un soutien à distance aux autorités sanitaires nationales sur l’utilisation des données et aide les autorités locales à veiller à ce que le public soit pleinement informé », a-t-il ajouté.
M. Guterres a également noté que la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) travaille en étroite collaboration avec les pays du continent africain sur les questions de l’alimentation et de la dette.
Pour aider à faire face aux conséquences économiques et sociales dévastatrices de la pandémie, le Secrétaire général a publié le mois dernier un rapport appelant à une réponse multilatérale globale, représentant pour l’Afrique plus de 200 milliards de dollars pour faire face aux effets immédiats et mieux récupérer.
« Pour cela, nous devons mobiliser tous les partenaires. Nous avons besoin de plus de ressources du Fonds monétaire international (FMI) », a dit le chef de l’ONU, qui a ajouté que l’Organisation continuerait de plaider en faveur d’un allégement de la dette de l’Afrique.
« Je réaffirme l’attachement de l’Organisation des Nations Unies à son partenariat avec l’Afrique en tant qu’élément crucial pour relever ce défi », a-t-il conclu.
Une menace sans précédent pour le développement en Afrique (FMI)
Dans son dernier rapport sur les Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne, le FMI note que la crise menace d’annuler les progrès accomplis récemment sur le plan du développement et pourrait peser sur la croissance au cours des années à venir.
« Le monde fait face à un défi sans précédent, et l’Afrique subsaharienne ne sera pas épargnée », a déclaré Abebe Aemro Selassie, Directeur du département Afrique du FMI. « La région est confrontée à un effondrement de la croissance économique, à un resserrement des conditions financières, à une forte baisse des prix des principaux produits exportés et à de graves perturbations de l’activité économique dues aux mesures qui ont dû être adoptées pour maîtriser l’épidémie. En conséquence, nous prévoyons maintenant pour la région une contraction de 1,6% cette année, soit le pire résultat jamais enregistré ».
« La baisse des revenus accentuera les vulnérabilités existantes, tandis que les mesures d’endiguement et la distanciation sociale menaceront inévitablement les moyens d’existence d’innombrables personnes. En outre, la pandémie atteint le continent à un moment où beaucoup de pays ont peu de marge de manœuvre budgétaire, ce qui complique la riposte des pouvoirs publics », a-t-il ajouté.
Dans ces conditions. M. Selassie appelle à prendre des mesures décisives pour limiter les coûts humains et économiques de la crise.
Premièrement, la priorité immédiate consiste à tout faire pour accroître les dépenses publiques de santé afin de contenir l’épidémie, quelles que soient les ressources budgétaires des pays.
Deuxièmement, il est crucial d’apporter une aide considérable en temps voulu. Il peut s’agir de transferts monétaires ou d’aides en nature en faveur des ménages vulnérables, y compris les travailleurs du secteur informel, ou d’aides ciblées et temporaires aux secteurs durement touchés. La capacité des pays de mettre en place une riposte adéquate dépendra dans une large mesure de leur accès à des financements concessionnels de la communauté internationale.
Troisièmement, les politiques monétaires et financières peuvent aussi jouer un rôle important pour aider les entreprises et l’emploi.
« Un effort coordonné de tous les partenaires au développement sera essentiel à l’appui de ces mesures prises au niveau national », a dit M. Selassie.
Le FMI va fournir environ 11 milliards de dollars à 32 pays d’Afrique subsaharienne qui ont sollicité une aide au cours des dernières semaines : des décaissements ont déjà été effectués en faveur du Burkina Faso, du Gabon, du Ghana, de Madagascar, du Niger, du Rwanda, du Sénégal, du Tchad et du Togo.
En outre, un allégement de la dette immédiat est accordé aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables au titre du fonds fiduciaire d’assistance et de riposte aux catastrophes du FMI. Avec la Banque mondiale, le FMI appelle aussi les créanciers bilatéraux officiels à alléger la dette des pays à faible revenu qui demandent un délai de grâce.