«Je ne savais pas que la malnutrition pouvait affecter les femmes allaitantes, enceintes et les personnes âgées», soutient Maty. «De retour dans ma commune, j’essaierai d’organiser des séances de sensibilisation pour partager avec ma communauté ce que j’ai appris durant la formation», assure-t-elle.
Durant six jours, Maty a acquis des connaissances sur les notions de base en nutrition; les bonnes pratiques d’hygiène, de préparation et de cuisson des aliments ; sur l’alimentation du nourrisson, du jeune enfant et des femmes enceintes et allaitantes ; sur les causes et les moyens de prévention de la malnutrition ainsi que sur l’augmentation et la diversification de la production.
Maty Diop est un relais communautaire. Elle participe à la sensibilisation aux bonnes pratiques alimentaires et d’hygiène pour la prévention de la malnutrition dans la commune de Keur Ngalgou, dans la région de Diourbel. Une sensibilisation faite dans le cadre d’un projet de protection sociale «Renforcement de la sécurité alimentaire, de la nutrition et de la résilience des ménages bénéficiaires des bourses de sécurité familiale (Jal-Jeg)» mis en œuvre par l’Organisation de Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en collaboration avec la Délégation générale à la protection et à la solidarité nationale (DGPSN).
Avec un paquet de services intégrés sensibles à la nutrition (maraîchage, aviculture, renforcement de capacités), la FAO cible 300 ménages vulnérables dans les communes de Keur Ngalgou, Dinguiraye et Missirah dans la même région. C’est dans le volet renforcement de capacités que Maty a pu bénéficier d’une formation en nutrition.
Des jardins potagers pour un accès facile aux aliments nutritifs
La formation a été assurée par une équipe de la FAO et un maître formateur du Réseau National des Facilitateurs du Sénégal (RNFS). Maty y a participé avec 16 autres relais communautaires du projet Jal-Jeg, trois facilitateurs de champs-écoles de producteurs (CEP) de la commune de Ngoye, deux animateurs de Club Dimitra de la région de Kaffrine. Ils ont appris à installer un jardin de cuisine en escalier. Ce jardin potager qui est aménagé près de la cuisine ou dans l’arrière-cour de la maison et facilite la production d’une grande variété́ de légumes, de feuilles et de fruits pour la consommation du ménage.
Awa Alassane Sow, membre du champ-école agropastoral (CEAP) de la commune de Barkedji, apprécie la gestion facile du jardin. «Je n’ai pas beaucoup d’espace chez moi mais j’ai pu y installer le jardin de cuisine et certaines voisines ont décidé d’en installer aussi chez elles», se réjouit-elle. «Il n’y a presque pas d’attaques des cultures. Je n’achète plus certains légumes comme la navet et l’oignon et certaines feuilles comme la menthe», explique Awa.
Abdoulaye Diene, agent technique d’agriculture à Bambey et facilitateur de CEP, a, lui aussi, trouvé intéressante l’activité liée à la mise en place du jardin en escalier: «C’est simple, efficace et vraiment adapté à tous les types de ménages. Une fois à la maison, je sensibiliserai tout le monde, à commencer par mon père qui est le chef de ménage, afin d’améliorer notre régime alimentaire avec une alimentation saine et équilibrée», assure-t-il.
Tip tap, le dispositif de lavage des mains pour prévenir des maladies
Les bénéficiaires de la formation ont aussi suivi une session sur l’installation du dispositif tip tap. Ce dispositif permet d’encourager le lavage des mains dans les ménages et dans les champs et de prévenir les maladies et les intoxications liées à l’ingestion de résidus de pesticides. Il est fait avec 2 bâtons fourchus de deux mètres et deux bâtons droits d’un mètre chacun, une corde, une bouteille d’environ de cinq litres, une ficelle, des gravions et du savon.
Les deux bâtons de deux mètres sont placés verticalement et distants de 60 cm. L’un des bâtons d’un mètre, placé horizontalement entre les fourches, sert de support à la bouteille. Cette dernière est reliée au bâton pédale par une corde traversant le trou du capuchon de la bouteille. Au moment du lavage des mains, on utilise le savon accroché à côté et l’eau de la bouteille en appuyant sur la pédale.
A l’issu de la session, le maître formateur Modou Fatma Mbow, a rappelé que l’objectif est d’amener les participants à comprendre les notions de base en nutrition et les stratégies de production agricole pour avoir un régime alimentaire sain et équilibré. «C’est un programme que nous sommes en train d’introduire dans le curriculum de formation en CEP pour encourager les populations à utiliser les produits locaux, à comprendre davantage les différents groupes d’aliments et leurs intérêts nutritionnels et à pouvoir les utiliser afin d’améliorer leur santé», souligne-t-il.
La formation était organisée dans le cadre du projet «Intégration de la résilience climatique dans la production agro-sylvo-pastorale pour la résilience des ménages vulnérables à travers les champs écoles paysans» mis en œuvre par la FAO dans les régions de Tambacounda, Matam, Louga, Kaolack, Kaffrine et Diourbel et financé par le Fond pour l’environnement mondial (GEF).